La plume de Cathy

Aider à vivre ou aider à mourir ; témoignages

Témoignage d'un tétraplégique

Il y a dans le livre de Vincent Humbert Je vous demande le droit de mourir, un témoignage très fort d’un tétraplégique qui lui a écrit :

« La première chose que je veux te dire, c’est que moi aussi, j’ai fait une sévère déprime pendant deux, trois ans… Ma femme n’entendait ma voix que lorsque mes sanglots dépassaient ma canule et faisaient vibrer mes cordes vocales. Tu connais ça aussi, petit frère, le chant des sanglots, c’est le nôtre… Comme il aurait été facile de partir, il suffisait de poser quelques instants son doigt sur la canule. Et je suppliais ma femme de le faire.

Mais on ne peut pas demander ça à quelqu’un qui vous aime. Elle me répétait doucement : je t’ai aimé debout, je t’ai aimé assis, je t’aime couché, rien n’est changé. Ta mère pourrait dire les mêmes paroles : je t’ai aimé petit, je t’aime adulte. Je t’ai aimé valide, je t’aime encore handicapé, rien n’est changé.

Or, moi je pensais que mon handicap avait anéanti mon affection comme mon corps. Eh bien ça, c’est faux ! L’affection est indestructible, le cœur possède de l’amour et non du corps ; ç’a été une découverte … Je peux aussi te dire que ton deuil, je veux dire ta déprime va prendre fin. Il faut du temps, de la souffrance, de la patience, de la misère pour en sortir.

En ce moment, tu ne le vois pas, parce que tu le vis, et que ta souffrance te paraît définitive. Avant que tu prennes une décision de vie ou de mort pour toi, je veux encore que tu saches ceci : j’ai découvert une vie différente, nouvelle et intéressante. Je dis bien : intéressante, qui fait de mes jours des temps vivants… Ma femme me répétait sans cesse : tu as connu le corporel, les activités physiques. Il reste à découvrir le monde de l’esprit : l’intellectuel, l’imaginaire, le virtuel, le relationnel… Je découvre tous les jours l’immense étendue de la vie spirituelle. Je vis… Voilà ce que je voulais te dire : j’ai retrouvé une vie différente mais riche en amitié, en imaginaire, en affection, en écoute des autres. La vie de l’esprit existe, qui fait de nous des hommes vrais et même heureux. Crois-moi, quand la déprime sera finie, toi aussi tu revivras… Salut petit frère. (Jacques) »

La suite, nous la connaissons. La maman, elle-même, a commis l’acte irréparable, sans doute sous la pression des candidats à l’euthanasie. Plus tard, un scandale a surgi : le kiné de Vincent a révélé que celui-ci ne voulait pas mourir…

Aider à vivre ou à mourir ?

Nous avons regardé à la maison un film racontant l’histoire d’une jeune fille, championne de boxe. Suite à un accident sur le ring, elle devient tétraplégique et supplie son entraîneur de la « débrancher ». Ce qu’il fait « courageusement » ! Mais où est le courage ici ? N’est-ce pas plutôt de la lâcheté ? Dans les toilettes, j’ai écrit sur l’ardoise : « Il y a un courage plus grand que celui de tuer. Celui d’aider à vivre. » Aider à vivre sous-entend que la souffrance physique de la personne est correctement prise en charge et que celle-ci est aimée profondément et inconditionnellement jusqu’à son dernier souffle.

L'histoire de Nick Vujicic, né sans bras ni jambes : la grâce rédemptrice de Dieu

Je pense à Nick Vujicic, homme né sans bras ni jambes, qui a essayé de mettre fin à ses jours durant son adolescence. Il a été aimé et soutenu admirablement par sa famille et son entourage et il a compris que Dieu avait un but précis pour sa vie. Aujourd’hui, il est un conférencier renommé dans le monde entier. Il est marié et un heureux papa. Dieu se glorifie dans sa faiblesse. Rappelez-vous des paroles que Dieu a dites à l’apôtre Paul quand il lui demandait de le débarrasser d’une « épine dans sa chair » : « Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse. » (2 Corinthiens 12 : 9)